|  | En 1659, la Catalogne Nord est rattachée à la France, Louis XIV  y impose la gabelle (1). Cela ne se passe pas sans problème et occasionne, vers  la fin du XVII° siècle, la révolte des Angelets en Vallespir et Conflent. Voici l’histoire d’un de ses chefs qui se trouve être, par  ailleurs, un de mes lointains cousins. 
 Texte extrait des Biographies Roussillonnaises de l’abbé  Capeille 
 
 Joseph de La Trinxerie 
 
 « « « « « Issu de la branche cadette de la maison de ce nom, il  naquit à Prats-de-Mollo. En l666, les préposés de la gabelle en Roussillon,  ayant trouvé dans sa maison une certaine quantité de sel, lui firent un procès.  Bien que le taux de l’amende ne fut que de vingt-cinq livres, Joseph de La  Trinxeria en offrit trente-trois. On en exigea soixante-six. Indigné de ce qu’il  regardait comme une exaction, Joseph de La Trinxeria prit les armes ; plusieurs  camarades s’étant joints à lui, leur troupe attaqua les préposés, dont un grand  nombre furent tués. Les survivants se réfugièrent à Céret d’où ils ne bougèrent  plus. Pendant deux ans La Trinxeria parcourut presque en maître le Vallespir, de  Prats-de Mollo à Saint-laurent-de-Cerdans et de cette ville à Céret, sans se  laisser entamer par les détachements de troupes envoyées contre lui. Cette  résistance prolongée entoura son nom d’un prestige qui s’accrut encore quand le  duc d’Ossona envahit le Roussillon en 1667. Alors les Miquelets de La Trinxeria,  joints à ceux d’un autre chef de partisans nommé Lamberto Manera, batlle de  Bassaguda en Catalogne Sud, devinrent de redoutables adversaires dont le  vice-roi se servit avantageusement contre les français. Attaques de convoi,  embuscades, incursions poussées jusque sous les murs de Perpignan. La Trinxeria,  ne reculait devant aucune entreprise et réussissait selon ses prévisions, grâce  à la connaissance qu’il avait du pays et aux intelligences qu’il s’y était  ménagées. Le Haut-Vallespir était comme un nid inexpugnable de Miquelets qu’on  ne parvenait pas à détruire. Le président Sagarre entreprit de les exterminer.  Il partit, dans ce but, de Perpignan, le 14 septembre 1668, à la tête d’une  petite troupe, en compagnie de ses collègues de Marti et de Trobat, avocats  généraux au Conseil Souverain. Ces magistrats, raconte le chroniqueur Curp, «  montèrent à Arles avec trois cents hommes pour rétablir la gabelle dans les  villes et villages de la montagne. Le lendemain, à neuf heures du matin, le  président et ses collègues, quelques hommes de guerre et le somatent de  Céret (la milice) accompagnés de menu peuple et d’autres auxiliaires, partirent  d’Arles. Dès qu’ils furent arrivés un peu au-delà des Lièges de Camps, La  Trinxeria sortit brusquement d’une embuscade avec ses hommes appelés Angelets et  repoussa à coups de mousquet le président et sa troupe vers Arles, où il la tint  assiégée jusqu’à ce que le Parlement, ayant ordonné la levée d’un homme par feu  dans tout le Roussillon, cette force, qui se portait à six mille hommes et cent  chevaux, débloquât les assiégés et les ramenât coucher à Céret, le 19 ». Après  l’échec de Sagarre , l’édit sur la gabelle devint presque lettre morte pour le  Vallespir. Une politique mieux inspirée essayait néanmoins de le maintenir, en  atténuant ce qu’il avait de trop rigoureux et même, dès 1669, les Angelets  poursuivis pour attentat contre la gabelle furent amnistiés. Comme sanction de  la mesure réparatrice, un règlement détermina la quantité de sel que prendraient  les communautés, chargées désormais d’en faire la distribution aux habitants.  Cependant les préposés, revenus à Prats-de-Mollo et casernés au fort de  Périlloux, en sortirent pour surveiller la fraude. Ils arrêtèrent en 1670, un  particulier du village de Baillestavy connu sous le nom de l’hereu  Just (2). Cet acte de rigueur réveilla l’esprit de révolte. Les paysans  soulevés résolurent de délivrer le prisonnier et, conduits par La Trinxeria, ils  entrèrent en force dans Prats-de-Mollo que le Gouverneur se mit en devoir de  défendre courageusement. La Trinxeria paralysa ces dispositions belliqueuses en  capturant la femme et les enfants de cet officier qu’il retint en otage jusqu’à  la mise en liberté de Just. L’échange ne se fit pas attendre longtemps. La  Trinxeria aurait pu, après ce succès, obtenu sans effusion de sang, licencier  son monde ; mais, averti par des espions qu’un détachement de cavalerie était  cantonné à Céret, il y entraîna ses hommes, y arriva à l’improviste et fit la  troupe prisonnière. Ces coups de main répétés irritèrent Sagarre qui résolut,  coûte que coûte, d’arracher le Vallespir à la domination de la Trinxeria. En  1670, le comte de Chamilly fut chargé de l’entreprise et la conduisit avec  autant de résolution que de vigueur. La Trinxeria voyant à qui il avait affaire,  se retira en Catalogne. Il n’y demeura pas inactif, car dès 1673, il reparut en  Roussillon avec la reprise de la guerre. La Trinxeria vint dans son pays dans  les rangs de l’armée espagnole en qualité d’officier. En 1674, il attaqua avec  un capitaine de Miquelets du village de La Bastide nommé Salgas, un convoi que  le Gouverneur de Villefranche conduisait lui-même pour ravitailler le fort des  Bains ( Aurélie-les-Bains). Il défit l’escorte et s’empara d’une quantité  considérable de munitions et de vivres. On le retrouve l’année suivante à  Gérone. Peu après bloqué dans le fort de Bellegarde qu’assiégeait Schomberg, il  força le passage à travers les rangs de l’armée françaises. Neuf ans plus tard,  Bascara qu’il attaqua avec le marquis de Lepanez, tombe en son pouvoir. En 1689,  la Trinxeria fut promu colonel dans l’armée espagnole. » » » (1) – Impôt indirect prélevé sur le sel. 
 
 (2) – L’hereu Just dont la véritable appellation  patronymique est Jean-Marie Mestre, était un agriculteur de Ballestavy qui se  révolta, un des premiers, contre la gabelle levée par Louis XIV dans le  Roussillon. Il ne tarda pas à se retrouver à la tête de bandes de rebelles  formées dans le Vallespir et connues en histoire sous le nom d’ Angelets.  L’hereu Just n’agit toujours que sous les ordres de Joseph de la  Trinxeria de Prats-de-Mollo. 
 Date de création : 08/04/2009 @ 00:01Dernière modification : 19/11/2011 @ 22:00
 Catégorie : Les Miquelets.
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